À partir de la présentation de paroles de patients sourds ou aveugles suivis en psychothérapie, nous proposons de réfléchir à ce qu’ils nous apprennent de la manière dont ils « construisent » l’image d’eux-mêmes et le rapport aux autres, qu’ils découvrent semblables ou différents. La représentation de soi s’établit notamment à certains moments spécifiques de la rencontre. Si le « handicap » peut être pensé comme un phénomène existentiel et relationnel, il peut aussi se penser comme une différence sociale. Les aléas de la construction identitaire dépendent en partie de la manière dont l’environnement accueille cette différence ou cette supposée similitude.  Ainsi, les parents, l’école, les groupes de pairs, les politiques sociales, les idéologies agissent plaçant le sujet entre exigences normatives et accueil de l’altérité. Nous évoquerons ces moments et rencontres. Nous présenterons également les auteurs qui nous aident à penser cette construction et les idées que nous avons été amené à retenir. Si les réflexions proposées viennent du champ du handicap sensoriel, elles peuvent s’avérer pertinents pour d’autres handicaps, et plus généralement pour d’autres différences. Il nous parait par ailleurs intéressant de nous situer dans une approche complémentariste, telle que développée par George Devereux, nous incitant à tenir compte d’une part du / des contextes culturels dans laquelle l’individu évolue, et d’autre part des conflits psycho-dynamiques qui l’animent.  

Notice biographique :  Docteure en psychologie clinique, psychothérapeute, Alix BERNARD a travaillé comme psychologue dans des établissements médico-sociaux accueillant des enfants et des adolescents sourds et dans un hôpital de jour pour enfants autistes sourds ou aveugles. Elle a également été maîtresse de conférences en psychologie clinique sociale à l’université d’Angers. Elle exerce actuellement comme psychothérapeute de formation psychanalytique.