Ce webinaire vise à partager les résultats d'une étude menée entre 2020 et 2021 sur les organisations logistiques des fermes urbaines professionnelles parisiennes dans le cadre des travaux de la Chaire Agricultures Urbaines en collaboration avec Gwenaëlle Raton de l'Université Gustave Eiffel. Un apprentissage qui s’applique à d’autres villes où les fermes urbaines se développent, dont Montréal.

Comme dans d’autres villes nord-américaines ou européennes, l’agriculture urbaine s'est fortement développée en France, particulièrement à Paris, et ce notamment grâce au déploiement de politiques publiques incitatives. En valorisant entre autres des espaces cachés, inexploités et atypiques de la ville, elle attise aujourd'hui de nombreuses interrogations quant à la viabilité et la durabilité de ces projets. Et une des clés de performance et de durabilité de ces systèmes est la logistique que l'on entend comme l'ensemble des opérations nécessaires au transferts de flux de la zone de production vers la zone de distribution.

Dans le cadre de leur recherche, elles ont cherché à établir un premier panorama des organisations logistiques de ces fermes urbaines afin notamment de comprendre dans quelle mesure la localisation urbaine permettrai de structurer des organisations logistiques durables, en limitant par exemple les trajets et les émissions ou en renforçant la proximité relationnelle et en permettant des liens rapides entre récolte et consommation. Des entretiens auprès de 20 producteurs parisiens permettent de caractériser les modèles productifs de ces fermes et ainsi d’identifier les contraintes qui pèsent sur leurs organisations logistiques.

Ce travail illustre de fortes ambiguïtés quant à la localisation urbaine qui ne permet pas toujours de réduire les distances, tant géographiques que relationnelles entre acteurs de la chaîne d’approvisionnement, nécessite du stockage et n’évite pas totalement le mode routier, bien que des modes doux soient plus employés qu’ailleurs. Nous montrons que les fermes urbaines en renouvelant l’architecture classique d’une ferme (via la culture sur toits, en parking par exemple) et en s’adaptant à la localisation urbaine, sont contraintes de segmenter leurs activités : morcellement des parcelles, dissociation des lieux de production, de stockage, de gestion administrative et d’accueil du public. L’organisation multi-sites participe à générer par exemple du transport là où il n’était pas attendu. Enfin, le système productif de l’agriculture urbaine parisienne, structuré pour fonctionner en flux tendus, doit composer avec une logistique du dernier km et une mise en relation offre/demande complexe, qui tend à relativiser ses caractéristiques initiales. 

Conférence présentée par :

• Fanny Provent, Coordinatrice, Chaire Agricultures Urbaines, AgroParisteh
• Gwenaëlle Raton est géographe, chargée de recherche à l'université Gustave Eiffel au sein du laboratoire SPLOTT

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